Lettre 51, Blaise Cendrars [Biarritz] à Jacques Henri Lévesque [7, Rue de Berne, Paris VIIIe].
Mercredi matin (21/6/33)
Merci, mon cher Jacques, L. Amiable très important à cause du discours de la Dixmerie lors de la réception à la loge des 9 Soeurs, discours dont on peut trouver le résumé, dit Amiable dans Mémoires secrets de Bachaumont, t. XV, 18 juillet 1780. Voudriez-vous m'envoyer copie de ce résumé, s.v.p. Ne vous impatientez pas, mon livre est loin d'être terminé - et j'ai découvert une mine de documents en Hollande - alors, ça sera encore long! Je vous demanderai un peu plus tard de me rechercher 2 ou 3 pamphlets. Pour le moment je vis dans une solitude intégrale mais d'une façon inouïe --- par moments j'ai peur d'être foudroyé (motus) Êtes-vous content de l'Orbes qui se prépare?
Ma main amie Blaise
Lettre extraite de : Correspondance 1924-1959 Blaise Cendrars Jacques Henri Lévesque "J'écris. Écrivez-moi ." Cendrars œuvres complètes volume 9 Éditions Denoël 1991
Le petit village dans les montagnes ce dernier dimanche de juin. Les tracteurs sillonnent routes et chemins jusque tard le soir. Il faut se hâter de rentrer le foin, des orages sont attendus la semaine prochaine. Sur la dernière photographie on distingue en contrebas le lac de thoune.
Carrouge 24 juin [19]33 Mon cher Nicole Ton message m'a fait bien plaisir : sa promptitude, et tout cet amical souci que tu y montres de satisfaire une demande dont le sans-gêne me remplit maintenant de confusion... Accepte à tout le moins mes excuses et aussi un bien profond merci. Voici une partie de ce que tu me demandes: Adieu et Feuillets*. Ma collection d'Aujourd'hui est tout à fait incomplète, aussi vais-je demander des exemplaires à Mermod et te les faire tenir. Peut-être verrai-je Trolliet la semaine prochaine, car il y a une exposition Viollier à Genève**, et Paul (qui est au pays et est venu lundi me voir sous la pluie avec mon filleul***) me proposait d'aller la voir avec lui. J'aurais profité de l'occasion pour rencontrer Trolliet et lui demander des « mesures » exactes - mais quoi qu'il advienne de notre projet, je te renseignerai là-dessus sans trop tarder, mon cher Nicole. Au demeurant ce numéro de Présence ne paraîtra pas avant l'automne, ce qui nous donne un vaste laps. Nous voici dans l'«encore de la pluie » chaque soir à la radio. Je pense beaucoup à toi et souhaite bien fort un vif retour du soleil sur tes promenades, car j'ai vu ce qu'un mauvais mois de juin pouvait être déprimant à la montagne.
* et aussi des choses plus anciennes. Pardon pour toute cette poussière! R.
Laisse-moi te dire merci encore, mon cher ami, et reçois mes meilleurs messages.
G. Roud
P.-S. A bientôt plus long message. L'heure du courrier me talonne! R.
**Cette exposition a lieu à l'Athenée de Genève du 7 au 29 juin 1933. Le peintre genevois Jean Viollier (1896-1985) a fait partie avec Steven-Paul Robert du groupe «Le Disque ». Après une dizaine d'années passées à Paris, il est revenu en 1932 à Genève, où il fréquente les collaborateurs de la revue Présence. Roud et Viollier ont correspondu entre 1921 et 1950. ***Jean-Dominique Robert (1925-2004), fils ainé de Steven-Paul Robert ; leur visite à Gustave Roud du lundi 19 juin 1933 est mentionnée dans le journal.
Lettre extraite de : Correspondance 1920-1959 Gustave Roud Georges Nicole 1283 pages Infolio, 2009
Lundi 19 juin 1933 Je descends au train de 9 heures à Ecublens chercher Paul et Lo*. Journée pleine de gaieté et d'amitié. Magie. Cinéma. Surprise heureuse de me retrouver un langage. Avec Paul je puis causer encore - mais combien m'en reste-t-il, de ces interlocuteurs ? Je les raccompagne à E[cublens] pour le train de 7 heures. Lent retour sous la pluie et le vent.
*Surnom de Jean-Dominique Robert (1925-2004), fils ainé de Steven-Paul Robert et filleul de Gustave Roud
L'orage du jeudi 22 juin 2023. Le canton de Vaud était en alerte orage aujourd'hui, les courses d'école (sorties scolaires) avaient été annulées, Finalement l'orage déboule à Genève vers 17h00 puis s'enfonce dans le canton de Vaud. Des vents tempétueux ont frappé la Suisse. Le pic de vent a été relevé à Saint-Prex, dans le canton de Vaud !, 135 km/h. Ici, dans le petit village dans les montagnes, la routine, un orage violent arrivé depuis le lac de Brienz. Spectacle grandiose avec bandes de brumes, éclairs et de grands roulements que les montagnes amplifient, spectacle suivi en direct depuis le balcon de l'appartement, en grignotant des morceaux de pastèque. J'ai pas vu grand-chose du spectacle, devant moi avait pris place une dame avec un chapeau énorme. Ce fut pire quand je lui ai demandé de retirer ce chapeau ridicule, il dissimulait un chignon qui a envahi l'espace en se décompressant. Il a fallu appeler un coiffeur en urgence. Le soleil n'a pas tardé à remettre de l'ordre dans cette chevelure.
Il est 22h30 et la pluie tombe à nouveau, mais pas d'orage en vue cette fois-ci.
Entre deux trains, brève contemplation de l'ange de Niki de Saint Phalle dans le hall de la gare de Zurich, infos sur l'ange ICI.
De retour dans le petit village dans les montagnes juste avant l'orage, un orage violent avec une grosse pluie ; ici, en montagne, les orages sont toujours violents.
La floraison des lupins est terminée dans le village des vacances de mon enfance ; ici, dans le petit village dans les montagnes, les lupins sont en pleine floraisons.
La première réunion de Vespa a eu lieu à Paris en 1954. Cela fait 33 ans que "Les Vespa World Days" se sont déroulées en Suisse pour la dernière fois. Aujourd'hui, par un temps splendide, les Vespa se voyaient sur toutes les routes aux alentours d’Interlaken. Des Italiens sont même passés devant le Versa, à Berne. Le car postal de 16h04 s’est fait doubler par une dizaine de machines, en pleine montée ; les Vespa fonçaient en direction du petit village dans les montagnes. Un village en pleine effervescence ce samedi de juin. Les chars de foin, nous sommes en pleine fenaison, un car de touristes venus découvrir la fabrique de cors des Alpes, des Vespa du Portugal, d’Allemagne, d’Angleterre et de plusieurs cantons suisses, une soirée country sur la terrasse du restaurant.
- Mais... c'est l'intervention de cette grosse femme... C'est un ptit peu... enfin... ça va très loin.
- C'est là que je me rends compte que malheureusement, je vous ai beaucoup moins bien réussi que le porc.
Pierre et Thérèse.
Le père Noël est une ordure