Une fine couche de neige est tombée, cette nuit, sur la Ville fédérale.
De passage à La Chaux-de-Fonds, la ville de mon enfance, j'y ai trouvé un peu de neige. Rien de comparable avec les hivers de la fin des années 1960, début des années 1970. Les hivers duraient entre 3 à 4 mois, avec de grandes quantités de neige. La barrière, que l'on voit sur la première photo, ci-dessous, était souvent engloutie sous les flocons. Ces maisons jaunes me sont familières, j'ai habité l'une d'elle pendant 9 ans.
C'est dans une librairie de La Chaux-de-Fonds, cet après-midi, que j'ai choisi un roman de la rentrée littéraire 2018. L'offre est immense, Amélie est bradée à -20% ! Ce sera donc le roman "Quand les nuages poursuivent les corneilles" de Matthias Zschokke, paru aux Éditions Zoé en automne 2018 qui accompagnera mes soirées d'hiver au coin du poêle. C'est Isabelle Rüf qui a traduit de l'allemand. J'aime mieux le titre original : "Die Wolken waren gross und weiss und zogen da hoben hin" (quelque chose comme : "Les nuages étaient grands et blancs et passaient là-haut dans le ciel"). Matthias Zschokke est né dans la Ville fédérale et habite depuis 1980 la ville qui est désormai la capital de l'Allemagne. Donc BB, comme BB... Il a reçu le prix Femina étranger en 2009 pour son roman "Maurice à la poule"; en 2014 il est lauréat du Grand prix de littérature du Canton de Berne et en 1981 il a reçu le prix Robert Walser pour son premier roman, "Max". Robert Walser était également bernois, un de ces poètes maudit. Matthias Zschokke est écrivain, dramaturge et cinéaste.
Brève incursion à La Chaux-de-Fonds, la ville de mon enfadolescence. Le temps d'arpenter un bout du Pod (Avenue Léopold-Robert), de passer de longues minutes dans une librairie et d'en ressortir avec deux volumes sous le bras. Un roman, "La balade des perdus" de Thomas Sandoz paru chez Bernard Grasset en 2018 et un recueil de poésie, "Ajoie" précédé de "Passage des ombres" et de "Cette âme perdue" du poète belge Jean-Claude Pirotte paru à la nrf Poésie/Gallimard 2018. Une bise légère balayait la ville en cette fin d'après-midi de juin. Le soleil éclatait de santé.
Le soir, de retour dans la Ville fédérale, j'ai pu entendre un concert de klaxons, vers 22h00. Il semblerait que se déroule, en Russie, le championnat du monde de balle au pied masculin. La Suisse à gagné 2 à 1 contre la Serbie.
Ci-dessous, affiches vues à La Tchaux: J'écoute à longeur de journée la Messa de Gloria de Rossini
Rossini : Messa di Gloria
1. Ⅰa Kyrie: Kyrie eleison 2. Ⅱb Kyrie: Christe Eleison 3. Ⅲc Kyrie: Kyrie eleison 4. Ⅱ Gloria in excelsis Deo 5. Ⅲ Gloria: Laudamus Te 6. Ⅳ Gloria: Gratias agimus tibi 7. Ⅴ Gloria: Domine Deus 8. Ⅵa Gloria: Qui Tollis Peccata mundi 9. Ⅵb Gloria: Qui Tollis Pecca mundi 10. Ⅵc Gloria: Qui sedes ad dexteram Patris 11. Ⅶ Gloria: Quoniam tu solus sanctus 12. Ⅷ Gloria: Cum Sancto Spiritu
Un vol de pigeons c'est une étincelle sous le ciel gris et blanc de pluie prochaine
et la maison rose au toit profond s'éveille quand le vent fouette la glycine
un chat rase les murs une voisine âgée porte un tablier mauve
le chat s'arrête et la regarde en coin puis il bondit et disparaît du cadre
Jean-Claude Pirotte Extrait de "Passage des ombres" dans "La fable des ombres" Éditions Gallimard 2018
De passage dans la ville de mon enfance, j'ai filmé la Grande fontaine. On l'appelait aussi la Fontaine monumentale. Il y a plus de quarante ans, elle était moins belle. Une sérieuse restauration lui a redonné sa couleur d'antan.Elle a été construite en 1888 pour marquer l'arrivée de l'eau courante à La Chaux-de-Fonds. Il n'était pas rare de se donner rendez-vous à la Grande fontaine. Le téléphones portables n'existaient pas...
La Grande fontaine
La Chaux-de-Fonds 11 mai 2018 Réalisation jeanjacques666
La journér fut belle. Pour parachever le passage à une unité supplémentaire, je bois "en Suisse" des bulles d'un demi-sec, métode traditionnelle, élevées à Môtiers dans "mon canton" de Neuchâtel.
Nota bene: le vendredi, Lakevio publie sur son blog la reproduction d'une toile, d'un artiste connu ou moins connu. Cette peinture sert de guide pour une création littéraire. Le lundi, Lakevio donne sa version. Dans les commentaires, ceux qui proposent un texte indiquent l'adresse à laquelle leur prose peut être lue. Il est intéressant de lire ces textes, souvent cousins dans la trame mais tous avec leur caractère et leur style.Lakevio, c'est à cette adresse: (ICI)
La vie est un roman.
Gueorgui Pinkhassov - 1996. Cafe Paris
Devoir :
1) Commencez impérativement votre texte par la phrase suivante : "Notre première expérience, chose remarquable, est celle d'une disparition." Emprunt à Lou qui nous raconte sa Vie.
2) Terminez impérativement votre texte par la phrase suivante : "Referme un instant sur le monde la porte et la fenêtre, tourne-toi vers le journal pour toutes ses notations musicales, et commence un autre roman." Emprunt à Anaïs qui écrit son Journal.
Entre les deux, casez ce que vous voulez !
Votre roman, lundi.
"Notre première expérience, chose remarquable, est celle d'une disparition." Cette phrase, écrite à l‘encre bleue royale, sur un morceau de feuille à gros carreaux, venait de choir sur la table, poussée là par un vent saharien. Il n‘est pas rare que l‘Afrique s‘invite jusqu’à la Ville fédérale. Le ciel est jaunâtre et le capot des voitures devient un désert. On y voit quelques chameaux blatérer dans des oasis luxuriantes. Les stations de lavage de voitures font fortune en ces périodes de dunes. Ce phénomène météorologique n‘altère en rien la belle lumière du soir. Anaïs, assise à la terrasse de l‘Adriano‘s bar, compulse un dossier. Elle a saisi le billet tombé du ciel et l‘a calé sous son verre. Elle boit une Gazosa, limonade fabriquée à Mendrisio, au Tessin, depuis 1883. Trams et bus passent, ainsi que quelques voitures. Des piétons traversent la rue. D‘une fenêtre ouverte, s‘échappe l‘adagio de "La Gran partita“. Mozart, lors de son voyage de retour de Paris, a séjourné à Berne et y a donné un concert, avant de regagner Salzbourg. Cette musique pour treize instruments à vent et contrebasse se fond harmonieusement dans la belle lumière du soir. Le soleil diffuse cette lumière magique, peu avant son coucher, en toute saison. C'est un moment où le temps semble suspendu, où tout semble permis, comme dans la chanson de Brel, "Les timides", ces timides qui tissent des projets fantastiques, et puis tout retombe, le soleil se couche. A côté d'Anaïs, un client est plongé dans la BZ*. Il est vêtu d'une chemise à manches courtes. A son poignet gauche, il porte une Vénus. Cette marque de montres à été fondée à La Chaux-de-Fonds, en 1912. Il lit un article sur les réseaux sociaux, sur les gens qui livrent leurs données personnelles à des entreprises américaines sans penser aux conséquences. L'automne particulièrement chaud permet, en cette mi-octobre, de rêvasser sur les terrasses des cafés en assistant au coucher du soleil. La chaleur arrive du désert du Sahara. Une fine poussière de sable signale ce fait, que relaye également la BZ. Un groupe de jeunes, des élèves de l'école française, passent en faisant des égoportraits avant de les expédier au moyen de leur téléphone portable. Ils ne se soucient pas des entreprises américaines qui pompent leur vie privée. Ils ne connaissent pas Lou, la dame de la phrase écrite sur un morceau de feuille à gros carreaux. "On s'en bat les couilles", martèlent-ils. Anaïs, sort de son sac à main, un crayon à papier et un taille-crayon en forme de mappemonde. En taillant son crayon, elle fait tourner la terre. Les spécialistes des sciences de la terre sont inquiets. Jusqu'à présent, il y a en permanence quelqu'un qui taille un crayon, quelque part sur le globe terrestre. La rotation de la terre sur elle-même est régulière, avec l'apparition des écrans et des claviers, la rotation de la terre va à vau-l'eau. Elle saisit le morceau de feuille à gros carreaux, le retourne, griffonne une phrase et un coup de vent saharien emporte le bout de papier. Un astronome qui scrute l'infini au moyen d'une longue-vue voit passer au ralenti, 48 images seconde, le texte d'Anaïs. Il lit ceci,"Referme un instant sur le monde la porte et la fenêtre, tourne-toi vers le journal pour toutes ses notations musicales, et commence un autre roman."
*BZ, Berner Zeitung
Mozart / Serenade for 13 Winds in B-flat major, K. 361 "Gran Partita" (Mackerras)
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Serenade No. 10 for 13 Winds in B-flat major, K 361/370a "Gran Partita" (1781-82)
00:00 - Largo. Allegro molto 09:14 - Menuetto - Trio I - Trio II 19:31 - Adagio 25:02 - Menuetto. Allegretto - Trio I - Trio II 30:24 - Romanze. Adagio - Allegretto - Adagio 37:45 - Thema mit Variationen 47:18 - Rondo. Allegro molto
List of Performers: Oboe - Stephen Taylor (principal) & Melanie Field Clarinet - William Blount (principal) & Daniel Olsen Bassett Horn - Gary Koch (principal) & Mitchell Weiss Horn - Stewart Rose (principal), Scott Temple, William Purvis, and Russell Rizner Bassoon - Dennis Godburn (principal) & Marc Goldberg String Bass - John Feeney
Performed by members of the Orchestra of St. Luke's under the direction of Sir Charles Mackerras. Recorded by Telarc in 1994.
Il y a une cinquantaine d'années, l'hiver était encore bien présent à cette époque de l'année.
Ce jeudi de fin mars, il fait beau et les badauds sont en tenues d'été...
C'est ce que je peux observer pendant une courte promenade dans la ville de mon enfance.
Je reconnais sans reconnaître "Ma Ville" qui a subi de nombreux coups de scalpel de chirurgiens esthétiques peu scrupuleux du passé. Une lente nostalgie commence tout de même à poindre.
Affectueuses pensées
Jean-Jacques'60'
NOTES
En passant à La Poste, située Place du marché, pour envoyer la carte à Rose, j'échange quelques souvenirs avec la dame du guichet. Françoise fut une camarade de classe de 1964 à 1968. Nous avons évoqué une rencontre d'anciens élèves faite il y a 10 ans. Quand j'ai quitté le guichet, elle m'a lancé: "A dans 10 ans..!"
Le cinéma Corso est à l'abandon. Quelle tristesse. Je me souviens: "Un château en enfer", "Les guichets du Louvres", "Helzapoppin", "Lacombe Lucien", "Il était une fois dans l'ouest", "Eglantine", "Miracle à Milan", "Le train"...
Notre prof de français, madame S., avait réunis quelques élèves de plusieurs classes pour monter une soirée de poésie, théâtre et musique. Le récital a eu lieu il y a 46 ans à l'aula du collège des Forges à La Chaux-de-Fonds. C'était un vendredi. J'avais un trac fou. Je passais 2 fois sur scène, en début de spectacle pour dire un poème et vers le milieu pour jouer, avec un camarade, une histoire mimée. J'ai encore en mémoire les indications de mise en scène que m'avait donné la prof pour dire "Anachronique" de Guy Béart. Je connais toujours le texte par coeur. Quelques mois avant notre récital, toutes les classes des écoles secondaires de la ville avaient vu un spectacle des Colombaioni, ce duo de clowns virtuose de la comedia dell'arte. Avec un camarade, nous avions repris un de leur mime. Nous avons joué devant un parterre de parents, frères et soeurs, familles et amis. Il reste de cette soirée quelques souvenirs enfouis dans les strates de ma mémoire et une feuille sur laquelle est imprimé le programme. Imprimé sur un duplicateur à alcool, le texte est encore bien lisible...
Note: J'ai caviardé le nom de famille des participants.
Le chat Charles Baudelaire
Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d’agate.
Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s’enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,
Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,
Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum
Nagent autour de son corps brun.
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
Guy, Tirolien, Prière d'un petit enfant nègre
Guy Béart Anachroniques
Anachroniques Les saltimbanques Sont là Salut Salut nomades Voici le monde Qui vient A vous
Ouvrez la tente Qui tenait toute En u- -ne main Écoute écoute Ça ne te coûte Que ça Qu'un sou
Sur son bicycle D'un autre siècle Rivé Rêvant L'homme titube Chavire et tombe On rit Hourra
Un âne maigre Sur scène émigre Clopin Flapi On dit qu'il compte Jusqu'à cinquante C'est beau Sabot
Sur son trapèze Le temps repose Son pas Si peu La corde casse Clouons la caisse L'ami Est mort
Roulez roulotte Ma voix sanglote Pour qui ? Pour quoi ? Poussière ou neige Dans un nuage Tout va Tout vient.
LES CONFITURES
Le jour que nous reçûmes la visite de l'économiste, nous
faisions justement nos confitures de cassis, de groseille et de
framboise.
L'économiste, aussitôt, commença de m'expliquer avec toutes
sortes de mots, de chiffres et de formules, que nous avions le
plus grand tort de faire nos confitures nous-mêmes, que
c'était une coutume du moyen âge, que, vu le prix du sucre,
du feu, des pots et surtout de notre temps, nous avions tout
avantage à manger les bonnes conserves qui nous viennent
des usines, que la question semblait tranchée, que, bientôt,
personne au monde ne commettrait plus jamais pareille faute
économique.
-Attendez, monsieur! m'écriai-je. Le marchand me vendra-t-il ce
que je tiens pour le meilleur et le principal ?
-Quoi donc? Fit l'économiste.
-Mais l'odeur, monsieur, l'odeur! Respirez : la maison toute
entière est embaumée. Comme le monde serait triste sans l'odeur
des confitures!
L'économiste, à ces mots, ouvrit des yeux d'herbivore. Je
commençais de m'enflammer.
- Ici, monsieur, lui dis-je, nous faisons nos confitures uniquement
pour le parfum. Le reste n'a pas d'importance. Quand les
confitures sont faites, eh bien! Monsieur, nous les jetons.
J'ai dit cela dans un grand mouvement lyrique et pour éblouir
le savant. Ce n'est pas tout à fait vrai. Nous mangeons nos
Les chats du quartier sont partis en goguette. ils mènent une vie dissolue à la Gérard Floque. Léo, le chaton jaune des voisins du dessous, a suivi la bande. Il neige sur la Ville fédérale, aussi c'est en motoneige que les félins gagnent un cabaret du centre de la capitale. Ils boivent de la bière blonde, se grattent la panse, éructent et pissent dans les coins... Les chattes, en mâle d'amour font des yeux doux aux caïds de la bande. Un orchestre de jazz égaye la soirée. Des couples se forment et dansent au son de vieux airs de blues... A l'arrivée de la maréchaussée tout ce petit monde disparaît. Ils investissent un bar chic et se font servir des bulles dans des flûtes en cristal de Bohême. Léo, le chaton jaune des voisins du dessous, est ivre. Il vomit sur la moquette... Tard, vers trois heures, la bande de félins rentrent dans un chahut épouvantable. Ils sont dans un état de décomposition avancée!
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la neige, le vent...
Circulation un peu difficile avec plusieurs accidents. La Chaux-de-Fonds sous la neige m'a rappelé les hivers de mon enfance dans la Cité horlogère. Mais à l'époque, il y avait quatre à cinq fois plus de neige que ce vendredi 13! A Berne, les décors lumineux de fin d'année sont éteints depuis dimanche soir; à Lignières, ils brillent encore. La capitale fait des économies de bout de chandelle. A 21H30, l'eau de la piscine de Berthoud, a retrouvé le calme. On ferme, a crié le gardien. Il neigera à nouveau vers minuit et le vent soufflera.
SE COUCHER TARD, NUIT
La Chaux-de-Fonds (ci-dessus), vers 15H30
Lignières (ci-dessous), vers 17H20
La piscine de Berthoud juste après la fermeture du bassin à 21H30
Au coeur de cette nuit neigeuse, il est temps d'écouter Maria. On reste l'oreille collée au transistor, avec des frissons dans tous le corps...
- Mais... c'est l'intervention de cette grosse femme... C'est un ptit peu... enfin... ça va très loin.
- C'est là que je me rends compte que malheureusement, je vous ai beaucoup moins bien réussi que le porc.
Pierre et Thérèse.
Le père Noël est une ordure