22H30, la porte fenêtre de la cuisine est ouverte. La pluie tombe à averse. Des brides de musique arrive du Gurten oú se déroule le 29ème festival du Gurten. Ce soir les scènes sont abondamment arrosées.
http://www.gurtenfestival.ch/
"Lenny Kravitz, Norah Jones et The Roots au festival du Gurten
Le Festival du Gurten accueille ce week-end de nombreuses têtes d'affiche telles que Lenny Kravitz, Norah Jones ou The Roots. Les Suisses ne sont pas en reste sur la colline bernoise, avec Bastian Baker, Stress et des groupes du cru tels que Patent Ochsner ou Züri West.
Norah Jones, dont le jazz cotonneux avait marqué le début des années 2000, est le premier grand nom à se produire. Vendredi soir, Lenny Kravitz devrait faire trembler les jambes du public féminin. En près de deux décennies de carrière, c'est la première fois que ce géant du rock fait l'honneur de sa présence à la capitale.
Fougueux
Tout comme lui, le groupe The Roots est désormais aussi dans la force de l'âge mais malgré tout plus fougueux que jamais. Avec son hip-hop empreint de soul, il compte bien secouer le Gurten jusque dans ses entrailles.
Le dessert sera servi dimanche par le groupe de rock indé britannique Snow Patrol. Parmi les habitués du Gurten, il faut également mentionner Noel Gallagher, qui revient avec une nouvelle cargaison de titres dans sa valise.
Choix cornélien
Il ne sera pas toujours facile de choisir entre les différents concerts, avec en tout une cinquantaine d'artistes se produisant sur trois scènes. Bastian Baker ou Plan B? Aller voir Stress ou profiter de manger pour prendre des forces avant Santigold? Les festivaliers n'en seront pas à un dilemme près.
A l'heure où les têtes d'affiche auront déserté la grande scène, il sera possible de prolonger la fête dans les "dance-tents" grâce aux dizaines de DJ prévus. Le public semble en tous les cas apprécier la programmation bariolée du festival: les organisateurs ont déjà annoncé à la mi-mai avoir vendu tous les tickets pour deux des soirées."
(ats / 13.07.2012 09h48)
Cette dépêche de l'ATS parue hier ignorait le temps pourri de ce soir!
Rares sont les années oú le festival se déroule sans pluie. Ce soir c'est une pluie battante...
"06. juillet 2012 - 13:37
«Les festivals sont des rituels en musique»
Légende: A 36 ans, Saint-Gall, est le plus ancien festival open air de Suisse alémanique. (Keystone)
La Suisse est la Mecque des amateurs de festivals de musique en plein air. Bien sûr, il faut que la musique soit bonne, mais pour le public, le rituel social est encore plus important, explique l’animateur et journaliste musical Jodok Kobelt.
«Vous avez beaucoup de gens qui ne partent plus en vacances en été, mais vont dans les open air. Le festival est devenu une sorte de salon en plus grand, où les gens peuvent réaliser leurs rêves d’un monde plus fraternel, à la faveur d’une grande fête», note Jodok Kobelt. Journaliste et animateur, ce passionné de musique a écumé les festivals du pays entre 1983 et 1999 pour le compte de la chaîne de radio musicale alémanique DRS 3. Depuis quelques années, à côté des grands classiques que sont Paléo, St-Gall ou le Gurten, on voit de nouveaux festivals pousser comme champignons après la pluie. Même pour un insider comme Christof Huber, organisateur de l’open air de Saint-Gall et des Summerdays d’Arbon (Thurgovie), il est difficile d’avoir une vue d’ensemble. «La Suisse arrive gentiment à 300 festivals, et si l’on prend uniquement ceux qui ont une réputation continentale, aucun autre pays n’arrive à une densité pareille», explique celui qui est aussi secrétaire général de Yourope, l’union des organisateurs de festivals européens.
Le son des jours heureux
«Passer du bon temps avec les copains et les amis, rencontrer d’autres gens, manger et boire ensemble avec les pieds mouillés ou les habits poussiéreux selon la météo, et bien sûr faire le plein de musique», sont selon Jodok Kobelt les joies qui font la magie des festivals. La musique est donc bien au centre de tout - pas forcément les découvertes, mais un bon niveau de qualité. Cependant, l’animateur préfère parler de «rituels accompagnés de musique, où le nom des groupes qui se produisent ne joue pas de rôle décisif». Pour les spectateurs, ils suffit de savoir que la musique est bonne. L’organisateur s’en porte garant. Jodok Kobelt en veut pour preuve la rapidité avec laquelle se vendent les tickets pour les grands festivals. Il y a d’ailleurs déjà des festivals qui vendent des billets avant que quiconque ne sache encore qui sera sur l’affiche. Et ceux-ci font des cadeaux de Noël très appréciés.
Quatre fois le même
Depuis le temps qu’il les pratique et qu’il les observe, le journaliste peut se risquer à catégoriser les gros festivals: «A St-Gall et au Gurten, c’est le rock qui domine, avec aussi des découvertes de la scène indépendante. Paléo mélange avec beaucoup de succès les stars, la world music et les surprises francophones. Frauenfeld aime le hip-hop, à Montreux on a du jazz, du R&B, de la world et quelques découvertes, tandis qu’à Greenfield, c’est encore le bon gros rock qui domine.» Il paraît bien loin le temps où les organisateurs de festivals s’efforçaient d’offrir un programme exclusif à leur public. Ainsi, si vous avez raté Lenny Kravitz l’«ambassador of rock n’roll» américain à Paléo, vous pourrez le revoir à Montreux, au Gurten et à Moon and Stars à Locarno. Cette omniprésence ne surprend guère Jodok Kobelt. «En tant que bête de scène absolue, Kravitz fait partie de ces musiciens qui ont toujours donné beaucoup de concerts et qui sont toujours en tournée, explique-t-il. D’autre part, avec sa polyvalence, il passe bien partout. Il va séduire une fois les amateurs de balades, une fois les fans de rock dur».
Aujourd’hui, Jodok Kobelt ne fréquente plus que les festivals de world music. (zVg)
Tout le monde veut sa part du gâteau
Durant ces 20 dernières années, Christof Huber a vu le marché des festivals changer du tout au tout. «On peut se demander si cela a un sens d’avoir, dans un cercle de 20 à 30 kilomètres, un festival par semaine», interroge le patron de celui de Saint-Gall. Cette forte densité de festivals complique la tâche des organisateurs qui veulent profiler le leur. Avec ses 36 ans d’âge, l’open air de Saint-Gall fait partie du paysage, «mais l’expérience est nouvelle chaque année», explique Christof Huber, qui propose de l’électro sur la grande scène, de nombreux groupes qui montent, mais aussi une affiche conçue par de jeunes designers, «afin d’attirer les jeunes et aussi un nouveau public». Christof Huber en profite pour démentir les rumeurs qui voudraient que les festivals suisses paient les plus gros cachets. En Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, en Scandinavie et en Allemagne, le marché est plus vaste et les stars plus gourmandes. «En Angleterre, par exemple, vous avez beaucoup de festivals où le pass coûte entre 200 et 250 livres, ce qui fait 300 à 370 francs, alors que chez nous, c’est généralement en dessous de 200 francs», précise l’organisateur de Saint-Gall.
Pas de quoi faire fortune
Le budget d’un gros festival se chiffre en millions, «mais les marges ne sont pas énormes, relativise Jodok Kobelt. Bien sûr, les organisateurs et ceux qui tiennent les stands gagnent quelque chose, mais par rapport au chiffre d’affaires, même les grands festivals ne font pas beaucoup de bénéfice». «Sur les dernières années, le bilan était très satisfaisant, confirme Christof Huber, mais il y a trois ans, il nous a manqué 6000 entrées et nous avons essuyé une grosse perte». Pour digérer ces coups durs, les organisateurs de festivals doivent faire preuve d’endurance, et surtout jouir d’une bonne stabilité financière. «Sans sponsors, il n’y aurait pas de festivals», affirment d’une seule voix Huber et Kobelt. Ainsi, les sponsors couvrent quelque 20% du budget de Saint-Gall. Et leur présence sur le terrain a un sens, estime Christof Huber, dans la mesure où ils offrent un service au public, comme des bancomats, ou des stations de recharge de téléphones portables. Mais qu’il s’agisse des mastodontes ou de petits événements quasiment familiaux, on ne risque plus guère de croiser Jodok Kobelt dans un festival: «Du temps de DRS 3, j’ai pu voir jusqu’à 300 groupes par année. C’était la saturation absolue». Une exception, les festivals orientés world music: «Ce sont les seuls que je fréquente encore, explique-t-il. Pas seulement en tant que spectateur, mais aussi en tant que journaliste, qui peut ainsi interviewer des musiciens et des musiciennes de toutes les cultures».
Renat Kuenzi, swissinfo.ch Traduction de l’allemand: Marc-André Miserez"